Mon tout premier voyage en solo vers l'Est
Damelevières-Vienne (Autriche)
Comme expliqué plus haut, j'avais réussi à vendre mon Hôtel contre toute attente, en plein Covid, et nous avions réintégré la maison familiale de Lulu à Damelevières. Je ne tenais plus en place, je m'entrainais à faire des sorties de plus en plus longues, et l'idée germa assez rapidement dans ma tête de partir un matin à la fraiche, direction l'Est, et de voir où cela pourrait me mener.
J'ai souvenir qu'après avoir fermé la porte de la maison, j'étais un peu nerveux, et en enfilant mon sac à dos, j'ai envoyé valdinguer mon IPhone, en cassant évidement l'écran. Mauvais présage? Je ne suis pas (trop) superstitieux.
J'attaquai par des routes que je connais bien, Baccarat où je pris une magnifique photo de lever du soleil, Saint Dié, puis le col de Sainte Marguerite que je déteste. Je rejoins la Plaine d'Alsace, traversai le Rhin et entrai en Allemagne. Mon premier bivouac fut un Hôtel à Salsbach en Forêt Noire où dormaient aussi toute une bande de vététistes assistés. (J'aime bien cette définition du VAE).
Le lendemain, j'attaquai la Forêt Noire, et comme mon GPS n'était pas aussi perfectionné que celui que j'utilise maintenant, je me retrouvai à mi journée à gravir une piste forestière hyper raide sous une pluie soutenue. Un vrai calvaire. Parvenu au col, j'entamai frigorifié la descente et parvins à un village connu des sportifs d'hiver allemands : Hinterzarten. J'avais loué une chambre d'Hôtes et ils acceptèrent de lessiver mes fringues, les sales et les trempés. Je me rendis (en tongues sous la pluie) vers cinq heures au centre du village, entrai dans un bar resto bondé, me glissai en bout de comptoir et ne pus résister longtemps à la vue des plats de saucisses et autres qui passaient sous mon nez. A six heures , n'y tenant plus, je commandai à manger.
Je vais résumer ce voyage aux anecdotes dont je me souviens et dont beaucoup me servirent de leçon pour les années suivantes.
Le lendemain je rejoignis la voie verte longeant le Donau (Danube) et commençai à la suivre et me rendis compte assez rapidement que ce genre de parcours est vite lassant. En revanche, ce qui est sympa le long de ce fleuve, c'est les guinguettes installées tout le long, parfois au-dessus des flots, où l'on peut se restaurer et se rafraichir. Les habitants de ces contrées ne s'y trompent pas, le week-end, ils déposent une voiture à une ville départ, une autre à une ville arrivée et se font tranquillement le parcours entre les deux, souvent avec des vélos électriques.
La mésaventure dont je me souviens est assez truculente.
Ceci est arrivé juste après mon entrée en Autriche à Passau. La voie longeant le Rhin est magnifique. Peu après ma pause de déjeuner, je parviens à une rangée de panneaux interdisant de continuer et renvoyant vers une route qui, à vue de nez, mène à un col. Je ne traduis pas bien les mises en garde et je me dis qu'avec mon vélo en carbone, j'arriverai comme toujours à contourner les obstacles et je continue sur la piste longeant le fleuve. Je fais une bonne dizaine de kilomètres, en me disant qu'il y a dû y avoir des travaux, que ces travaux sont terminés et que la voie n'a pas encore été réouverte officiellement. Mais brusquement je m'immobilise et essaie de comprendre ce que je vois devant moi. En fait la montagne s'est effondrée dans le Rhin sur plusieurs dizaines de mètres, envahissant la route, la piste cyclable et la berge, et le tas de gravats fait plus de vingt mètres de haut. Tenter d'escalader cela serait une stupidité.
Pas raisonnable de faire le malin, demi-tour!
Je refais la dizaine de kilomètres en sens inverse jusqu'aux panneaux pourtant explicites, me ravitaille et me lance dans la grimpette que j'imagine copieuse vu les falaises qui nous surplombent. C'est un joli col, ça me prend une bonne heure et quand je parviens en haut, je me trouve face à un paysage ressemblant fort au Jura. Je regarde la carte, il y a peu de villes importantes sur ma route, je ne rejoindrai pas le Rhin aujourd'hui. Rien à faire d'autre qu'à continuer vers l'Est. Et le grand huit commence, ça monte, puis ça descend, ça monte, ça descend. J'en viens à pester quand ça descend car je sais que ça va fatalement remonter ensuite. J'en ai plein les pattes, le compteur affiche cent trente bornes quand j'entre dans un bourg où il y a une terrasse. Je me renseigne en buvant un coca, il n'y a pas d'Hôtel avant la petite ville sur ma route mais qui se trouve à vingt-cinq bornes. Et il est tard dans l'après midi. Je demande pour recharger mon IPhone qui est prêt à s'éteindre et...horreur, je découvre que j'ai laissé la prise de rechargement à l'Hôtel ce matin. Le type du bar m'indique une boutique où je pourrai peut-être en trouver une, je m'y rends, et effectivement, je peux acheter un chargeur. Le vendeur accepte de me laisser charger mon téléphone et consulter sur son ordi les Hôtels que j'espère atteindre, je respire!
Je reprends la route et c'est même punition, ça monte, ça descend... Mais là, cette sensation m'était déjà arrivé par le passé, la forme revient, tu passes de la dépression à l'euphorie sans comprendre comment! Et comme tout finit toujours par arriver, j'entre enfin dans Eferding, opte pour un Hôtel qui semble bien typique, on me loue une chambre et, après une douche bien méritée, je m'installe sur une terrasse noyée dans de la verdure et commande une bière.
Autre petite anecdote de ce périple, à vingt cinq kilomètres de Vienne, je suis rincé, et plutôt que de terminer tranquillement, je trouve sur "Plan" un Hôtel dans le village où je suis, et traverse des petites rues, le portable dans la main pour m'y rendre. On est dimanche après midi, il y a peu de circulation, et soudain, une voiture surgit de ma droite et m'évite de peu. Le conducteur me klaxonne et m'invective, il a bien raison. Depuis, j'ai un deuxième support sur mon guidon et à l'approche des centre villes, quand je suis l'itinéraire pour un Hôtel, j'installe l'IPhone sur ce support, c'est quand même moins dangereux que de le tenir à la main.
Le lendemain j'arrivais à Vienne, je ne pris pas le temps de visiter, car j'avais hâte de rentrer à la maison. Je pris un train jusque Munich, puis un Flixbus qui me déposa à une heure du matin place de l'Etoile à Strasbourg. Je pédalai en tongues et sans lumière jusqu'à l'Ibis de la gare. Le lendemain je rentrais en TER.
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