Le retour
Le retour d’un tel voyage est toujours une opération non négligeable à gérer.
Les vols qu’on a prévu depuis la maison n’affichent plus les mêmes tarifs, ou, ce qui fut mon cas, la prise en charge du vélo dans son colis, est exorbitante. J’ai donc trouvé un autre vol avec un prix acceptable. Sauf que l’aéroport se trouve sur le continent asiatique à 60 km. Départ à 14h30, je fais confiance à l’hôtelier qui m’annonce 1 heure de route et commande donc le taxi « spécial » en contrat avec l’hôtel pour 10h.
Quand je suis à la réception à 10h, la voiture n’est pas là. Les minutes passent, et à 10h20, le fourgon se gare devant. Le chauffeur pousse de hauts cris en voyant mon carton. Je lui fait traduire qu’il est déjà en retard, qu’il ne va pas me prendre pour un idiot, des cartons comme le mien, on en mettrait 10 dans son corbillard. Il obtempère, on charge et il me demande 5 mn pour fumer une clope.
Je monte devant avec lui, vérifie qu’il part bien pour le bon aéroport, il roule vite, zigzague dans la circulation, puis me tend son portable ou il y a la traduction « si vous êtes pressé, on peut prendre le tunnel, pour seulement 6€! »
Faut toujours qu’on essaie d’extirper un petit billet au bon touriste.
Je lui dit « no tunnel », mais quand je réalise qu’on va traverser le centre d’Istanbul que je reconnais et sais bien embouteillé, je regrette d’avoir dit non au tunnel.
Bon je vais abréger ce moment stressant que tout le monde connaît.
En revanche, on traverse ce pont fantastique qui relie 2 continents, puis le Manhattan d’Istanbul, juste incroyable
Quelques embouteillages plus tard, je suis déposé devant les portes d’embarquement.
Je fais glisser mon «armoire lorraine » sur le marbre et parviens à la file d’attente qu’on m’a indiqué. La file n’avance pas d’un poil, 3 préposés décontractés, moins un qui se lève pour aller faire sa pause. Un turc s’impatiente et semble se plaindre qu’il n’y a pas assez de guichets ouverts et engueule la pauvre fille qui gère la file d’attente.
Moi suis toujours à prier le Prophète pour qu’on accepte de charger mon bagage énorme.
Puis, de nouveaux guichets vont ouvrir et ça va être mon tour.
Ouf! C’est bon. Je suis enregistré, j’ai juste à pousser mon carton jusqu’à un préposé tout proche qui charge sur des charriots les objets encombrants. Je pousse un gros soupir, je vais enfin pouvoir me détendre.
Je passe le contrôle des objets embarqués, et file au poste de douane, dans cinq minutes, je serai assis devant un café et un dernier gâteau turque.
La douanière est jeune et souriante, elle me fait me cadrer devant la caméra sans lunettes puis me demande si je n’ai rien d’autre que ma carte d’identité. Je lui rappelle que cela suffit pour entrer en Turquie mais elle secoue négativement la tête et appelle au téléphone. Je suis déjà moins relax, un type en uniforme police arrive et étudie ma carte d’identité. Il me demande quand je suis entré en Turquie et je me jette dans le récit de mes aventures, photos d’iPhone en appui. Je lui montre celle du 18 juin, où j’ai pris le panneau « Turquie ». Il me dit que, malheureusement il n’y a aucune trace de mon entrée. Il me fait patienter sur le côté, et part avec mes papiers, en me disant « 5 minutes ». Je patiente, les minutes passent, je suis encore large avec mon vol. Il finit par revenir et me dit: on n’a aucune trace de vous, vous n’existez pas, suivez moi. On traverse tous les points de contrôle dans l’autre sens, il m’emmène à un guichet « ministère de l’intérieur turque ». Deux caricatures de fonctionnaires sont là et me parlent avec leurs IPhone traducteurs. Ils me parlent d’entrée illégale, d’une condamnation à 2 ans sans avoir le droit de remettre les pieds sur le sol turque et d’une amende de 22000 tl que je convertis facilement puisque mon taxi a coûté 2200tl soit 60€… là y a un zéro de plus!
Je sors mes arguments de bon mec qui est venu depuis la France en vélo pour les voir, 2000km, vous vous rendez compte?
Ils prennent des photocopies de ma carte, de mon billet, secouent la tête, ça dure…
Puis l’un me fait signer un document, je vérifie qu’il n’y ait aucune mention de somme d’argent et obtempère.
Il me rend carte et billet d’embarquement sur lequel il a tamponné violemment, et me fait signe d’y aller. Je retraverse les contrôles, et me représente au guichet de douane, cette fois on me laisse passer, me voilà dans les Duty Free.
Le vol est retardé de 45 mn.
Le temps d’écrire ici cette première partie et je suis installé dans l’avion qui va tranquille chercher sa piste d’envol.
Je m’effondre et dort une demie heure, puis je bouquine un peu, 3 heures trente de vol, ça passe assez vite. Je discute avec mon voisin marocain qui vit aux USA.
On arrive à Bâle, mon carton est avant moi aux valises!
Je le glisse jusqu’au bus qui affiche gare de Saint Louis.
Vive la France! Il faut payer 2,50€. Je n’ai pas un euro.
J’ouvre l’appli SNCF, je peux rejoindre Strasbourg mais pas Luneville.
J’appelle Lulu, elle va venir me chercher!
Un cycliste qui m’a aidé à charger le carton me fait lui raconter mon voyage, ça le fait rêver, et le temps passe vite jusqu’à Strasbourg.
Je bois une bière place de la gare et n’ai pas longtemps à attendre. La femme de ma vie est là, souriante.
On charge Jollyjumper et…direction la maison!
Peu de monde sur la nationale 4, le soleil qui disparaît à l’horizon, me fait un dernier signe « sacrée balade, Monsieur Bouille! »
Merci encore à tous d’avoir eu la patience de me lire, merci pour vos commentaires, ils ont été bien encourageants.
Commentaires
Mais bon, te voilà de retour 👍
Hâte de te voir 😘