Boucle en Europe 2022
Boucle en Europe 2022
Fin août 2021, j’avais réalisé une virée partant de
Damelevières jusque Vienne en Autriche, en traversant l’Alsace, la Foret Noire,
la Bavière, puis rejoignant le Danube, le suivant jusqu’à la capitale
autrichienne.
A la fin de mon périple, j’avais imaginé poursuivre ce
trip jusque Budapest, et revenir en longeant le Lac Balaton en Hongrie, puis
redescendre en Croatie, et rentrer en traversant les Alpes, l’Italie puis la
Suisse.
Ce parcours m’a longtemps « travaillé », me
paraissant parfois un peu gourmand.
J’ai finalement décidé de le réaliser mais dans l’autre
sens, en partant de la maison. J’annonçais à ceux qui me demandaient où
j’allais, que je tirais vers Venise et que j’aviserais ensuite.
Récit sommaire de la balade
Lundi 30 mai (jour 1)
Départ de Saint Nicolas de Port
Lulu ma compagne s’est levé plus tôt pour un RV de boulot, et ça me va
bien, j’ai une grosse journée devant moi. La météo est parfaite, soleil mais
frais, petit vent portant. Tout est prêt depuis la veille. Sacoche arrière avec
3 tenues complètes, sac à dos avec 2 « tenues civiles », une trousse
toilette et médicaments, une autre câblage informatique. Tout est pesé. Le sac
pèse 2.5kgs + 1 litre d’eau.
Je prends la route tout en me disant que j’effectue les
premiers mètres d’une longue balade.
Je contourne par Damelevières afin d’éviter une bosse
violente dès le départ, et je rejoins à Bayon la voie bleue qui relie Nancy à
Epinal.
Bon rythme, c’est frais, vent arrière, je savais que cette
première journée serait idéale.
Angoisse de la première journée d'un long voyage, on a peur de l'incident ridicule du premier jour.
J’arrive avec une bonne moyenne à l’entrée de la capitale
vosgienne, et le Garmin se bloque pour la première fois. Il affiche à l'envers!! C’est l’heure d’une
pause, je m’installe en terrasse, et en le branchant, il se remet en marche. Je
grignote un truc et je repars. Moins de piste, un peu plus de bosse, je me
méfie du Garmin. A Remiremont, à nouveau piste, on prend du dénivelé sans s’en
rendre compte, puis la pente se durcit un peu et au village Bussang, ça
« tape » carrément jusqu’au croisement avec la petite route qui amène
au fameux Drumont que l’on grimpait autrefois lors des Transvosgiennes. Je sais
que depuis cet endroit, il y a peu jusqu’au Col, et en fait, c’est à peine
200m. Je me lance dans la descente. C’est du bonheur, vive les freins à
disques. J’arrive à Cernay et sors l’IPhone pour trouver un Hôtel. Celui que
j’avais repéré mais que je trouvais un peu loin est complet. C’est bête d’autant plus que j’ai encore des jambes
et que j’aurais facilement pu y arriver. Je galère un peu, et finalement je choisis
l’Hôtel du Soleil, tout prêt de Mulhouse. Strava s’est arrêté mais je totalise
pas loin de 190 kms.
De plus, il n’y a pas de resto dans le voisinage immédiat, la
réceptionniste m’envoie vers un truc qui est fermé, et au final, je marche 2
kms pour un steak au Buffalo ! L’hôtel quant à lui m’a fait beaucoup
penser à l’Acacia, nom de l'Hôtel que j'ai exploité durant 11 ans !
190kms 850 D+
Mardi 31 mai (jour
2)
Petit déjeuner 7h00 et je décolle. Galère pour retrouver le parcours, puis grandes pistes et arrivée à Huningue (souvenirs personnels de mon après service militaire).
Je pique-nique
sur la place et repars le long du Rhin, parviens à Bâle, et là, je déconne
carrément, le Garmin me fait faire un tour pour rien dans le trafic de cette
grosse ville. Puis je suis une petite route qui monte vers le plateau du Seesee
avec des dénivelés qui me font mettre pied à terre ! J’atteins Aarau
rincé !
J’avais réservé un hôtel avec resto, mais celui-ci est fermé (devenu chinois en plus). En face, un village en vue, mais une vallée à traverser, j’y vais à pieds, bien sûr, il y a 2 kms mais c’est sympa et ça me délie les jambes, et je dine très correctement. Au retour, Lulu puis ma fille Lola au tél, ce qui fait que je ne sens pas la marche. Ceci dit, ça fait 2 fois que je choisis mal mes bivouacs, il va falloir améliorer ça !
136kms 886 D+
Mercredi 1 juin
(jour 3)
Réveil 6h30, la télé ne fonctionnait pas, j’ai donc dormi
très tôt et cela va devenir une habitude lors de ce trip.
Départ 8h et galère encore avec le Garmin. J’alterne les
routes chargées et les pistes cyclables. Je longe le Seesee, et passe devant
l’Hôtel où nous avions passé une nuit avec Lulu, une année en descendant à Menton. C’est d’ailleurs en traversant
cette région que j’avais eu envie d’y revenir à vélo, mais je suis un peu déçu par les paysages.
Le ciel commence à se charger. En entrant dans Lucerne, je suis accueilli par
la pluie, et je dois protéger mes sacs. J’arrive rapidement au port, un bateau
est en partance, et c’est celui que j’ai prévu de prendre, la route jusqu’à
Flühlen est réputée dangereuse pour les vélos. Je règle à bord, laisse mon bike
prêt de la caisse, monte en première où il y a un resto. Je me mets à l’aise
tandis que le bateau appareille, commande une bière et un tartare. La pluie
alterne avec les éclaircies, c’est juste un grand spectacle, on navigue d’une
berge à l’autre suivant les arrêts pour prendre ou laisser descendre des
passagers. J’envoie des photos à tout le monde, Lulu aurait adoré. 2h30 de
balade somptueuse, il y a même un kite qui navigue seul. Je réserve mon hôtel pour ce soir, je
vois bien sur Plan qu’il n’est pas tout à fait au bord du Lac, et effectivement,
je reçois par mail les conditions d’accès :il faut prendre une petite
télécabine pour y accéder. Je débarque et fonce sous la pluie au départ de la
cabine.
Je dois attendre un peu et monte avec un couple
d’autochtones. L’hôtel se trouve à 50m de la sortie de la cabine. C’est un
chalet d’altitude retapé par des fous furieux, il y a un livre témoin de leurs
travaux. C’est magnifique. Hôtel Eggberge Bergasthaus.
Bonne soirée.
60 KMS 370 D+
Jeudi 2 juin (jour
4)
Ce matin, je n’ai pas d’appétit, probablement un peu le trac,
car j’ai le mur devant moi : Le Saint Gothard.
J’arrive pour prendre la cabine, mais elle démarre quand
j’arrive. C’est ballot, car c’est 40 mn de perdues. Pas grave, j’ai tout mon
temps ! La descente m’offre une vue sur le Lac dantesque.
Je prends la route après avoir protégé mes sacs, car le ciel
est menaçant. C’est vraiment gentil pendant quelques dizaines de kilomètres, on
s’enfonce dans une profonde vallée, je sais bien que ça ne va pas durer. Le but
est d’atteindre Andermatt, je serai au 2/3 de la montée, et ferai le reste
demain.
Puis, ça commence à piquer un peu mais pas de quoi poser le
pied, juste de petites pauses.
Andermatt est d’une laideur effrayante. J’avais imaginé un
village alpin typique, c’est une station de ski lunaire. Je grignote dans le
coin pique-nique d’un supermarché avec mon vélo sous les yeux. Ma décision est
prise, je vais continuer même si je sais que j’ai déjà 1200m dans les jambes.
On m'a dit depuis qu'Andermatt, le village typique se trouve derrière un peu plus loin
Encore l’impression de faux plat et de longue vallée, puis,
évidement les rampes se durcissent tout en restant gérables, d’autant que le
revêtement est neuf, les travaux sont encore en cours. Je marque un peu le
coup, m’arrête de plus en plus souvent, et je tourne un peu. On est en
altitude, l’air est frais, mais le soleil tape, j’hésite à mettre une veste.
Après chaque virage, je me dis que je vais apercevoir le col, mais c’est le
Saint Gothard, c’est pas un mec facile. Ça fait partie du truc, je savais que
ce passage serait pénible, il l’est. Les pentes ne sont pas raides, c’est moi
qui le suis.
Un couple de Français en vélos électrique mais chargés comme
des mulets passent pendant une de mes pauses. Allez, Bouille faut y
aller ! L’itinéraire cyclo passe par l’ancienne route toute en pavés, ça
sera sans moi, les mecs, vous êtes gentils. Ils viennent de me poser un macadam
tout neuf rien que pour moi, je ne vais pas aller me compliquer la vie !
Et comme tout a une fin, j’arrive enfin sur ce plateau avec un lac et des
refuges et au panneau San Gottardo, je retrouve mes Français à qui je demande
de me tirer le portrait. Pour la descente, même chose, les vélos sont invités à
aller se faire secouer sur les pavés mais rien n’interdit d’emprunter la belle
route, et là, un régal, vive les freins à disques. Je descends aussi vite que
les autos, j’ai allumé mon feu clignotant car il y a un assez long tunnel à
traverser. Et je dégringole ce col mythique avec quelques arrêts pour faire des
photos et reposer mes doigts crispés sur les freins. A un carrefour, il y a un
panneau interdiction aux vélos, et je me retrouve sur les pavés, heureusement
ça ne dure pas, c’est un calvaire. J’arrive au village Airolo. Terrasse !
boire quelque chose de frais ! Je me dis que je pourrais bivouaquer ici,
demain me ferait commencer la journée en descente car je suis encore à 800m. Je
trouve un hôtel tout à côté, le rejoins et m’installe. C’est un peu cher mais
le patron me prend mon linge, ça c’est top !
Gnocchis gorgon et une calzone ! et petite balade à
pieds.
70 kms 1900 D+
Vendredi 3 juin
(jour 5)
C’est pluvieux ce matin, mais il ne tombe rien. J’ai décidé
de ne pas me servir du Garmin. De toutes façons, il n’y a qu’une route pour
continuer à dégringoler de cette montagne. Faux plat descendant, ça envoie, je
fais 60 bornes à fond et parviens à Bellizona sous la pluie. J’ai réservé un
hôtel à Lugano. Le ciel est noir, il y a des éclairs. Je passe devant la gare,
et me dis que je pourrais rejoindre Lugano en train. Et c’est une bonne idée.
J’évite 30 bornes et un petit col, et je n’ai pas récupéré du St Gott’. Dans le
train, blindé de lycéens et de militaires, un mec m’aborde et me fait remarquer
que je n’ai pas arrêté le clignotant de mon casque. Puis, on discute vélo, il
fait de grands trips aussi et m’interroge sur mon porte bagage. A la gare, il
me fait prendre la télécabine qui fait rejoindre le centre-ville et m’explique
où est l’hôtel. La cabine ultra moderne arrive en plein dans une rue en pente
et très commerçante, mais il pleut à seaux et je tourne en rond pour trouver
l’endroit.
Hôtel Acquarello. Finalement, je suis bien accueilli, j’ai la
chambre tout de suite, ce qui me permet de me poser et de me changer. Et
d’aller me régaler dans un italien excellent. Il tombe toujours des cordes et
je vais faire une bonne sieste.
A l’heure de l’apéro, je vais boire un spritz dans un bar
branché. Je fais face time avec Seb (mon fils) et Lulu.
La pluie a cessé, je fais un tour, c’est magnifique. Lulu me
manque.
60kms 150D+
Samedi 4 juin (jour
6)
Ce matin encore un peu le trac, pas d’appétit au petit déj’.
Je sors de l’hôtel à 8h15. Il fait beau, c’est superbe, je
fais des photos. Je prends la route, on est samedi, il y a beaucoup de cyclos.
Parcours roulant jusqu’à Côme. Je grignote 1 tranche de pizza et redécolle. Je
suis le Garmin mais j’entre demander conseil à un vélociste à la sortie de
Côme. Il me confirme la petite route parallèle à prendre bientôt à gauche vers
un col. Puis route un peu chargée, je bois beaucoup, Lac Pusiano. Je change le
parcours prévu afin d’éviter un col. Pause dans un bistro de village où ça
gueule en italien. Excellent sandwich au prosciuto je bois une bière.
Rovagnate, un cyclo rêvasse sur un banc, je l’interpelle
« vous parlez français ? » il me répond je suis français. Il
bosse dans la région. Il me dirige parfaitement pour rejoindre le sud de
Bergame où j’ai réservé une piaule en avance car on est samedi. Hôtel Art et
Hôtel à Treviolo prix correct pour l’endroit. En revanche, galère pour trouver
un resto. Je fais des kilomètres à pieds, joli village, il y a un mariage, les
cloches rivalisent avec celles de St Nic. Je finis par diner dans un
« pizza à emporter ». Je dors à 9h, excellente nuit.
105KMS 920D+
Dimanche 5 juin
(jour 7)
Je file vers le centre pour voir à quoi ressemble Bergame.
Ville martyre au début du Covid.
Journée à enfiler des kil’ sans intérêt mais pause déjeuner à
Brescia. Superbe ! Sur une magnifique place, les Carabinieri sont en fêtes
et exposent leurs véhicules. Je m’installe en terrasse, rizotto aux fruits de
mer d’anthologie. L’après-midi, grandes routes et chaleur, j’ai réservé
prudemment une chambre à Vérone, mais quand je parviens au Lac de Garde où il y
a un monde de dingue, je suis rincé, j’ai 100
bornes au compteur, et il m’en reste 40 ! Je vais sagement à la gare et
prend un ticket. J’attends 35 mn, il y a foule pour monter dans le train. Il
arrive enfin, les gens se bousculent, je cherche en vain le wagon vélo, et au
moment où je me décide et porte mon étalon vers le wagon, ça sonne et les
portes se referment sous mon nez comme le métro ! J’ai beau gueuler, le train
démarre et les gens sur les quais voisins font semblant de ne pas me voir. Je
redescends au guichet, refais la queue, la nana me dit qu’il y en a un toutes
les heures. Je sors de la gare et vais boire un coup en face ! Puni de ne
pas avoir fini ma journée sur le vélo !
J’arriverai enfin à Vérone, j’ai loué sans le savoir une
chambre de particulier, l’application Plan de l'IPhone m’y emmène facilement. Bel immeuble ancien, du
marbre, des escaliers de pierre, petite chambre mais suffisante.
Je sors et découvre que je suis en plein quartier antique,
prêt des arènes.
J’arrive sur Piazza Bra, et suis ébahi par le monde dehors.
Et pas du Teuton comme à Lido di Jesolo ! Je m’installe devant un Spritz
et contemple les gens déambuler. Y a vraiment du beau monde et de jolies
filles. J’envoie un texto à Lola « n’emmène pas ton mec à Vérone ».
Puis je vais visiter un peu, quel charme cette ville ! Je dine en terrasse
et me balade encore un peu. Il faut vraiment que je revienne avec la femme de ma vie.
95KMS 250D+
Lundi 6 juin
(jour8)
Je m’éjecte du lit à 5h30. J’avais tout préparé la veille, je
n’ai qu’à prendre ma douche et je sors très discrètement afin de ne pas
réveiller les autres chambres. Départ 6h30, je me sers de Plan pour sortir de
la ville immense. On est lundi de pentecôte et il y a un monde de dingue qui
part bosser.
Route chargée, les pistes sont dessinées sur les trottoirs et
impraticables en vélo de course. C’est moyen la sécurité ce matin. Je traverse
Vicenza, bof, et file vers Padoue. D’avantage de pauses, je bois beaucoup.
Enfin, le parcours m’amène sur un itinéraire balisé qui longe
une rivière bordée de propriétés vénitienne antique et parfois délabrées. Mira,
je suis prêt de Venise, je m’arrête et déjeune en terrasse. Je reprends la
route, et à l’approche de Venise, ça devient compliqué de comprendre dans
quelle direction il faut aller, car il y a énormément de travaux, et un immense
chantier naval. Puis, je finis par trouver l’entrée du pont et la traversée de
la lagune me comble car c’était tout de même l’objectif minimum :
Venise !
Je devrais avoir désormais moins de pression car j’ai déjà
fait un parcours respectable.
J’arrive sur la place qui permet d’accéder à la ville antique
par une passerelle très large. Je me renseigne mais il n’y a pas de bateau qui
permet de traverser et atteindre Jesolo comme je me l’étais imaginé. Je vais au
comptoir des bus et le guichetier m’affirme que c’est la journée du vélo et
que, exceptionnellement, on peut monter à bord avec un vélo. Je prends un
ticket et je vais boire un coup en attendant le départ. C’est con de venir
jusque Venise en vélo et de repartir dès l’entrée, mais il est hors de question
que j’entre dans cette ville symbolique sans Lulu.
Le chauffeur fait une crise et téléphone à son chef qui lui
confirme que je peux monter. Le voyage est long et peu intéressant. Je descends
à Lido di Jesolo. J’ai programmé Plan et j’arrive rapidement devant l’Hôtel
Central. Le réceptionniste fait des yeux ronds, mais trouve ma résa. Il accepte
que je prenne mon Spé dans la chambre qui s’avère être très correcte.
Je me change et vais faire un tour.
Je ne reconnais rien, de toute façon, quand on était venu là
avec mes frères, j'avais 14 ans, on sortait peu du camping Blanès que je ne retrouve pas sur
Plan. Je vais à la plage. Consternation, il y a une rangée de 50 parasols entre
les immeubles et la mer sur des kilomètres, tous de couleurs identiques.
Je fais Apérol juste à côté de l’hôtel, bonne musique, les
gens défilent dans la rue comme sur une fête foraine. En pleine saison, cela
doit être effrayant. Je pars à la recherche d’un resto, il n’y a que des
pizzerias. Je traverse la rangée d’immeubles vers la plage. Je passe devant une
terrasse d’hôtel qui me parait classe. Je m’installe et, bonne pioche, je vais
me régaler d’un thon mi cuit.
Dodo
Mardi 7 juin (jour
9)
En sortant prendre mon PDJ en face, je règle pour une seconde
nuit car j’ai décidé de faire journée de repos. Je trouve un Lavomatic, et
négocie de venir rechercher mes affaires propres et sèches.
J’achète brosse à dents et dentifrice, j’étais parti avec des
échantillons merdiques. Et des tongs, les miennes étaient en train de rendre
l’âme. Je vais sur la plage rédiger mon texte en retard.
Puis je vais m’assoir sur un des pontons disposés tous les
100 m. Je laisse tremper mes jambes dans l’eau. Ça fait du bien. Puis, je me
fous en slip et vais nageotter dans l’Adriatique. Suis quand même content de
moi d’être arrivé jusqu’ici à la force des mollets !
Je retrouve le resto de la veille et choisis des calamars
sublissimes. 2 Baileys et nuit excellente.
Mercredi 8 juin
(jour 10)
Je trouve difficilement un bar qui sert un PDJ à 7h. Depuis 3
jours, quand je demande un jus d’orange, on me sert une orange pressée et ça me
va bien.
Départ 8h00, pas de GPS, Il n’y a rien de compliqué, belles
pistes plates, 25 de moyenne. Casse dalle vers 11h30. J’augmente la fréquence
des pauses et je bois beaucoup car il fait chaud. C’est vital de partir à la
fraiche quand il fait ces températures, et en début d’après-midi, le programme
de la journée est quasi fait. J’entre dans Trieste. Je ne connaissais pas cette
ville et l’avais imaginée en ville industrielle et portuaire, et je suis sidéré
par la beauté des immeubles. Plan me guide à mon Hôtel Albergo al Viale, ancien
et typique, escaliers de marbres, plafonds hauts, peintures anciennes aux murs.
Chambre énorme, de la place pour le Spé ! Douche et départ en reportage.
Je grignote un encas, car je ne me sens pas super.
Je retourne à l’Albergo et publie mes photos. Je commence à
déclencher de l’intérêt sur FB.
Je sors pour l’apéro, la rue contigüe à la mienne est une
allée piétonne de plusieurs centaines de mètres remplies de terrasses sans
discontinuité. Je n’ai jamais vu ça ! Et un monde de dingue, des filles
superbes, tout le monde est au Spritz, allemand ou Apérol. Difficile de
résister. Je dine et file au lit après une dernière balade et une glace pour
faire comme tout le monde.
130 kms 206D+
Jeudi 9 juin (jour
11)
Réveil de bonne heure, il pleut. Je me rendors. Puis, vers
9h, je descends prendre un PDJ à la boulangerie voisine. La pluie s’est calmée.
Bon, ben je vais tenter un départ.
Je me sers de Plan pour sortir de la ville. Puis je suis
bêtement une ville indiquée comme frontière, me retrouve seul sur la route
côtière, il fait bon, mais quand je m’arrête faire un point, je réalise que je
me suis écarté de mon itinéraire. Il y a une montagne à passer pour rejoindre
la Croatie, peut être que mon détour me fera faire un col moins dur. Bon, dès
que possible, je dois quitter la côte. Lulu qui me suit aussi par partage de
position ironise sur ma trajectoire. On ne peut pas être tranquille !
J’entre enfin dans les terres, ça monte gentiment. Il est
l’heure de la pause. Petit bar resto de campagne, casse dalle, ça pleuviote
quand je repars. Le col débute, c’est pénible, car avec le Kway, je suis en
nage, et sans, j’ai frais. Bon petit col quand même. Puis, belle descente
jusqu’à la frontière slovaque. Les douaniers se moquent car ça mouille.
Et là, un moment pénible de mon périple va débuter.
J’entre progressivement dans une région un peu déserte,
vallonnée, et j’alterne les montées et les descentes. Chaque fois que ça
descend, je râle, car je sais que ça va remonter en face. Peu de bled, peu de
parasols (quand j’ai envie d’une pause, je m’annonce à voix haute :
prochain parasol, on s’arrête). J’ai dû prendre de l’altitude car le vent s’est
mis de la partie, et il n’est pas franchement amical ! Je m’arrête pour
consulter Plan et voir dans quel bled je vais pouvoir me ravitailler, il est
l’heure et je sonne creux ! Je prends des rafales en pleine face qui me
stoppent littéralement. Qu’est-ce que je fais là ? tout ça pour ne pas
avoir suivi l’itinéraire que je m’étais esquinté à préparer à la maison !
Bien fait ! J’arrive à un carrefour à l’entrée d’un bled, et, signe du
destin, le vent me fige sur place ! Je pose le pied, jette un œil à droite
et vois un panneau « Auberge Danilea ». Je m’y traine à pieds avec le
vent qui me fouette les fesses.
Vieille masure entourée de potagers et vergers, pergola
énorme toute en bois massif, avec un barbecue où on peut cuire un bœuf. Je file
m’abriter et commence à mettre mes fringues à sécher.
Un jeune homme sort, il parle anglais, et m’invite à entrer.
A l’intérieur, plein de gens sont encore à table alors qu’il est prés de 15h.
Je me pose. Le patron vient me voir, lui, parle allemand. Il me dit qu’il n’y a
pas d’hôtel dans le coin, et que pour un taxi, ça va être compliqué. Puis, se
ravisant, il me dit que si je paie en espèces, il peut me louer une chambre. Du
coup, je vire mes pompes et commande une bière !
Il va me servir un steak aux cèpes fraichement ramassés, un
bonheur! une autre bière !
Il me conduit à ma chambre, studio années 80 mais salle de
bain proprette.
Sieste, pendant que dehors, la tempête se lâche.
Le soir, je dine d’un cochon de lait à la broche.
Je paie ma facture les 2 repas, 4 boissons, la chambre 86€.
Bon, la chambre est spartiate, mais on ne va pas faire le difficile en ces
circonstances. Je dors très tôt car je dois partir avant que le vent ne
s’installe demain, on annonce des rafales à 60kmh
100kms 1000D+
Vendredi 10 juin
(jour 12)
Suis réveillé à 5h30. Je fais le Sutom en 2 coups et me
prépare. A 6h30, je suis sur le vélo, il y a déjà du vent.
Ça tape tout de suite dans la bute. C’est joli, mais les
dénivelés sont mortels ! Je marche à pieds quand c’est trop pentu, je ne
veux pas risquer de faire des crampes à 7h du matin !
J’aperçois un péage, c’est l’entrée d’un tunnel, mauvais
signe, ça veut dire que je n’ai pas fini ma journée d’escalade. Bon, c’est
proche du cauchemar, à chaque virage, je me dis que la pente va s’adoucir, mais
que nenni. Allez on ne va pas y passer la journée, je zigzague de gauche à
droite pour tricher, j’use de tous les trucs possibles, je me prends en vidéo
au milieu des virages verticaux.
Sacré coup de bol de m’être arrêté hier après-midi chez
Danilea ! Je n’aurais jamais réussi à grimper cette bute, ça aurait été
une journée à 2000m !
Enfin, toute chose a une fin, et le vent fraichi annonçant la
proximité du col. Strava m’annonce que j’ai grimpé 900m !
Il y a toujours une récompense après les moments difficiles,
dès le début de la descente, dans une épingle, la baie de Rijeka s’offre à moi,
et c’est émouvant de beauté. Plusieurs cargos sont au mouillage en attente de
place au port. Plaisir aussi de cette belle descente sur un revêtement nickel,
j’arrive à une sorte de station de montagne, il y a beaucoup de vtt. Puis, je
ne sais pas si je fais une erreur, mais je me retrouve sur une route très
fréquentée, les camions me frôlent, je n’aime pas ça du tout. Ça descend
toujours et je roule à 50, il faut en finir mais, parvenu à une
station-service, je prends le vélo sur le dos et sors de cet enfer à pieds pour
rejoindre des maisons que j’aperçois en dessous. Je demande au Garmin de me
diriger au centre d’Opatija, ce qu’il va faire en me faisant emprunter par
moments des escaliers.
Je ne reconnais rien de mes vacances de pré-ado. La rue
commerçante passe au-dessus des hôtels, et en bord de mer, il n’y a qu’un
chemin piétonnier.
Je redescends et roule jusqu’au port. Changement de décor.
Collection de voiliers hauturiers et de course, restaurant immense avec
terrasse surplombant les bateaux. Je me pose et commande à boire.
Il est midi, en fait. Je demande au serveur si je peux
rentrer mon vélo en sécurité afin de déjeuner peinard, il accepte et on le met
au fond de la salle. Je vais pouvoir me détendre après ces deux journées
difficiles.
A 15h, je vais prendre ma chambre. En fait, c’est un vulgaire
appart avec 3 chambres, le mec qui tient ça ne vient que pour remettre les clés
et se disparait ensuite. Bon, il y a le confort minimum, mais je vais devoir
m’enfoncer les boules Quiès profond cette nuit ! Je fais une sieste et
sors en ville. Bof ! Je fais laver mon linge pendant ma balade.
Le soir je retournerai au port pour diner, mon resto est
plutôt branché, bonne musique, plein de joli monde. Tagliatelles aux scampis,
moules, poulpes et tomates cerises. Douceur de rêve et coucher de soleil.
Encore un moment où Lulu me manque. Dodo.
Samedi 11 juin
(jour 13)
Nuit pas terrible, je décolle à la fraiche. Ça monte tout de
suite, ça ressemble à Menton, route qui serpente sous les piles de l’autoroute.
Ça monte, mais régulier et sur un revêtement récent. J’ai de bonnes jambes, il
fait bon. C’est étonnant comme on peut se sentir en forme après une demi-journée
de récupération.
Mais en prenant de l’altitude, je commence à prendre des
rafales de vent plutôt contraire, puis, sur un long plateau, les rafales me
giflent férocement de côté et par deux fois, je suis poussé vers le fossé.
Incroyable ! Je suis obligé de marcher en tenant fermement le vélo. Je
suis inquiet, j’ai un col à passer, ça va être compliqué. Dès que je suis à
l’abri, je repars, c’est dommage parce que ce col est progressif et j’aurais pu
le monter avec un bon rythme. Bon, je suis quand même souvent protégé par les
collines et les arbres, et je progresse tant bien que mal. C’est long quand
même, je fais des pauses. C’est l’avantage de rouler seul, tu t’arrêtes si t’en
as envie, faut quand même profiter du paysage !
Je basculerai de l’autre côté et le paysage deviendra tout à
coup vosgien.
Des collines de sapins, route qui monte encore un peu, mais
sans prendre vraiment d’altitude. Il fait plus frais, même les villages font
géromois. A 11h, je suis déjà au village que j’avais prévu comme halte journalière.
Je décide de continuer. J’appelle Seb qui me suit sur son Iphone, qui me dit
t’es en avance ce matin.
La forme se maintient, j’envoie du gros…Cinquante kilomètres
avant Karlovac, la pause théorique du lendemain, je stoppe dans un resto de village,
un cochon tourne gentiment à la broche, irrésistible ! Bière et cochon
grillé !
Le souci, c’est qu’il n’y a pas d’hôtel avant Karlovac et
j’ai 80kms et 1900m de D+ dans les pattes.
Je vois sur plan qu’il y a une gare au village en dessous. Je
m’y rends, et attends le tortillard. Il va me transporter jusqu’à cette ville à
une vitesse souvent moins élevée que la mienne à vélo !
A la descente, je programme Plan car c’est une grande ville,
en fait. J’arrive dans un des plus beaux bivouacs de mon périple. Hôtel
Florian&Godler. Cour intérieur, mezzanines métallique, chambre sublime pour
un prix de 2 étoiles en France. Je vais enfin passer une bonne nuit. Pour m’y
aider, je m’envoie un Spritz et 3 verres de Merlot.
80 KMS 1500D+
Dimanche 12 juin (jour
14)
Je prends mon petit déjeuner sur place cette fois, et je
décolle à 8h. Parcours plat qui me mène à
Zagreb à 11h00. Je pourrais avancer d’avantage, mais c’est le
désert sur mon parcours ensuite. Je décrète une demi-journée de repos et de
visite. Art Hôtel chambre à 52€. Je réalise que je suis à Zagreb, c’est quand
même loin de chez moi ! La ville semble très étendue est divisée par le
fleuve Save. On dirait d’un côté la ville ancienne avec plein de vieux
immeubles de l’époque communiste vétustes et même parfois abandonnés et de
l’autre des tours ultra modernes. Circulation énorme comme dans toutes les
capitales. Art Hôtel. Encore une fois à l’étage. J’insiste pour prendre mon
vélo, finalement on le met à la lingerie. L’endroit fait penser à un Mama
Shelter.
Je vais faire mon linge, on est dimanche, il faut d’abord que
je passe chercher des espèces au distributeur. Heureusement un jeune qui parle
anglais me guide dans les manips.
Je me balade un peu, beaucoup de monde, des vélos, des trams.
Il y a surement des choses à voir, mais je ne suis pas vraiment tenté. Au lit.
54 KMS 230D+
Lundi 13 juin (jour
15)
Comme j’avais mis pour une fois mon réveil, je m’éjecte du
lit lorsqu’il sonne en fait pour un texto.
Je prends ma douche et m’apprête à m’habiller lorsque je vois
qu’il fait encore nuit. Couillon ! il est 1 heure du matin ! Je me
recouche. A 5h, je me lève, descend avec mon attirail, boit un jus d’orange à
la réception et décolle. La sortie de la capitale est longue, les trams mènent
loin en banlieue, ici. Je me fais klaxonner quand je ne suis pas sur les pistes
cyclables mais celles-ci sont pourries. Route départementale très chargée. Ça
craint ! Faut que je sorte d’ici !
Je fais pause petit déjeuner, examine bien la carte et
programme le Garmin vers Letenye. Pour une fois je lui fais confiance, et il
faut reconnaitre qu’il m’emmène sur des petites routes sympas. Je parviens à la
frontière hongroise.
Je fais du change, le plus gros billet, 20 000 Forint
vaut 50€. Le pays me semble immédiatement plus pauvre encore que la Croatie. Ça
roule bien, j’arrive à 16h à l’Hôtel Oasis à Letenye, presque au centre de
cette jolie petite ville. Je vais faire un tour, très belle place, grandes
terrasses. Mais pendant que je bois ma bière, un énorme orage survient. Je
retourne à l’Hôtel.
J’irai diner sur cette place. Scampis puis tartare préparé de
façon très originale et excellent.
140 kms 740D+
Mardi 14 juin (
jour 16)
J’envoie un WhatsApp aux filles dès le réveil, on est le 14
juin ! Je déjeune et décolle à 8H30.
C’est un peu la Meuse, ce matin (très vallonné). Je longe un
grand lac mais ce n’est pas encore celui qui fait partie des grands objectifs
de ce périple. Quand je l’atteins, celui-là, je suis un peu ému. J’en ai rêvé
de ce fameux Lac Balaton. Sur une carte, il parait vachement loin de la maison.
Côte d’Azur des Hongrois, 71 kms de long. Je fais une vidéo. Je me régale sur
les pistes cyclables bien fléchées, il y a du monde. Je remonte un peloton de
Polonais en Bike packing, ça roule bien. Je m’arrête souvent prendre des photos
et admirer le paysage. Les gens se baignent, des voiles constellent l’horizon.
Les villes traversées ne se ressemblent pas. Plus on monte vers le Nord, à
l’approche de Budapest, cela devient plus classe. Indéniablement, il y a du
« blé » par ici, mais je sens l’influence sinon la présence
germanique. Mon Hôtel Vilagos à Balatonvilagos est style club, un peu teuton,
lui aussi.
Je suis au 6°, chambre superbe avec balcon, dans la chambre
voisine, la dame vocalise ! Quel accueil !
Je descends sans prendre de douche car je vais piquer une tête. Plage privée, petit escalier métallique qui descend dans l’eau, on a pied très loin. Sacré Balaton, à la maison, j’avais quand même un doute quand je réalisais la distance qui me séparait de toi !
Il fait un peu frais et je monte me doucher et préparer mes
affaires pour le lendemain. Les gens sont déjà à table.
A 19h, je m’installe pour l’Apérol, il n’y a déjà plus
beaucoup de monde à table, et quand je me décide à aller diner, on n’est plus
qu’une dizaine ! Ephad, quoi ! Escalope panée et bolognaises, je
termine cette belle journée en admirant depuis mon balcon un magnifique coucher
de soleil sur ce lac magique.
125 kms 350D+
Mercredi 15 juin
(jour 17)
La journée commence par de très belles pistes cyclables
fleuries. Certaines sont encore en travaux.
Puis ça se gâte. Routes très chargées à l’approche de la
capitale. Je roule vite comme toujours comme si cela pouvait diminuer les
risques. Je croise enfin le Danube. Moment d’émotion, car c’est ma boucle qui
est en train de se refermer. Je m’installe sur une terrasse immense. De grandes
tablées sont en train de finir de déjeuner. Je recharge l’IPhone et commande un
thon. Les pistes me mènent au centre-ville, je suis rincé, il est temps que je
me pose. Plan programmé piéton me fait remonter les rues sur les trottoirs,
soudain, une gamine pré-ado jaillit d’un immeuble et se jette dans mon vélo.
Pas trop de bobos, mais j’ai un peu honte. Je me confonds en excuses, puis elle
et ses copains disparaissent dans l’immeuble. Je suis en vue de l’hôtel, je ne
demande pas mon reste.
115 kms 550D+
Jeudi 16 juin (jour
18)
Jour de repos à Budapest
Je démarre la journée tranquillement, prend rendez-vous chez
le barbier, me balade dans le quartier.
Il fait beau. Je hèle les taxis. Un s’arrête, il parle
anglais. Je lui demande s’il peut me faire faire un tour de découverte de la
ville. Il palabre au téléphone, puis me fait monter à l’avant. Il me dit que
j’ai de la chance, ils sont peu ici à parler anglais. Avant la chute du mur,
ils devaient apprendre le russe mais surtout pas l’anglais.
La visite commence, il fonce avec sa Nissan électrique de
site en site, je prends des photos, il m’explique. Durant plus de 2 heures, je
vais découvrir cette ville historique.
Il me larguera dans une rue de restos non loin de mon hôtel,
après m’avoir fait payer 100€. Plutôt cool, et surement une bonne affaire pour
lui.
Je déjeune en terrasse et rentre faire une sieste. Je m’offre
un massage, ça fait du bien.
En fait, nuit excellente.
Vendredi 17 juin
(jour 19)
Réveil 5h30. Je décolle rapidement. Je bois un café en ville
avec ce qui me paraissait être un pain aux raisins mais qui s’avère un truc à
la tomate, beuh. Il me faut plus d’une heure pour sortir de Budapest. Quelle
fourmilière ! Tellement de monde sur les pistes cyclables que c’en est
dangereux.
J’arriverai à Komarno, ville historique à cheval entre la
Hongrie et la Slovaquie. Cour intérieure, bel hôtel, belle chambre.
Une tablée de locaux festoie bruyamment. Il est déjà tard, je
bois 2 bières et me met à table. Bœuf façon bourguignon et divine purée. Je
sors visiter un peu et suis estomaqué. La ville est magnifique, et comme on est
vendredi, il y a un monde fou dehors. Plein de bars, de la musique. Dodo quand
même, je ne me laisse pas distraire.
120KMS 630 D+
Samedi 18 juin
(jour 20)
Je déjeune à 8h, j’ai des bornes à faire mais peu de
navigation donc, ça devrait bien marcher aujourd’hui. Effectivement, ce n’est
que de la piste le long du Danube. Je trace. L’air est frais, mais, bon, c’est
quand même une journée à 100 kilomètres. Juste après un pont sur le Danube, je
déjeune d’une saucisse dans une marina et je repars. La chaleur s’est
installée, les pistes s’enchainent. A l’approche de Bratislava, je passe devant
un lac, les gens se baignent et se dorent, roule !
J’entre dans la capitale et Plan me mène à l’Ibis center où
j’ai réservé. Il faut palabrer pour le vélo dans la chambre, mais ça le fait.
La douche, le meilleur moment d’une journée de cycliste.
Je ne traine pas, et vais visiter. Le château est proche et
je m’y rends en marchant à l’ombre car je ne me sens pas super. Parvenu sur le
site, je prends des photos et m’installe en terrasse surplombant le Danube et
la ville rive droite. Je repasse à l’hôtel, reprends une douche et descend en
ville vieille. Un monde incroyable, des terrasses pleines, des boutiques de
glace, un marché avec des produits de bouche, une montagne de tomates séchées,
une exposition de voitures de courses anciennes.
Je dine d’un carpaccio et de pennes arrabiata. Je rentre.
106 KMS 90 D+
Dimanche 19 juin
(jour 21)
Je suis un peu tendu. Il n’y a que 60 bornes à faire, tout
fléché sur pistes, mais j’ai réservé une place dans un Flixbus à midi, et
faudra pas chômer quand même. Départ 7h30. Je suis la fameuse E6, c’est bien
fléché, pistes superbes, vent arrière, température idéale. Bon moment de vélo.
Puis, la piste surplombe une digue abritant des crues du
Danube et le paysage devient monotone, et long, à perte de vue, cette piste
rectiligne semble ne jamais finir. Peu d’habitation, peu d’animation.
L’heure arrive, j’aide le chauffeur énervé à charger mon
bike, et monte m’installer à côté d’un jeune tout timide. Le bus n’est pas
complet, j’ai de la place pour mes jambes, je recharge mon IPhone, tout va
bien, et on démarre.
La route sera longue, quelques embouteillages, des arrêts,
certains descendent, d’autres montent. Aucun mal élevé qui perturbe, on
zigzague de (grandes) villes en villes, on s’arrête toujours en périphérie. Ça
passe assez vite, la nuit tombe, on s’approche de Strasbourg. Je descends et
récupère mon vélo et mes sacs. Je remets mes chaussures, installe l’IPhone et
me laisse guider jusqu’à l’Hôtel Ibis. Il n’est que minuit et demie, je pose
mes affaires et redescend boire une bière.
65KMS et 850 en bus
Lundi 20 juin (jour
22)
Je déjeune à l’hôtel et me prépare. Je traverse la place de
la gare, et attend le TER. Contrairement à l’année dernière, il y a beaucoup de
monde, et d’autres vélos. C’est pluvieux.
On arrive à Lunéville. Je prends 15 mn après un autre TER qui
me posera à Varangéville. Je remets mes chaussures et rejoins la maison.
Maisooonnn !
Le jour d’après
J’émerge en plein milieu d’un rêve qui me fait voyager et
visiter des endroits extraordinaires. Dès le lever, je ressens comme un
léger blues. On
déjeune et Lulu part bosser. Je dois faire ma compta car j’ai dépensé un peu de
sous dans cette aventure. Ceci fait, je me sens mieux.
On est mardi, c'est jour de bouffe avec ma bande, on passe un bon moment comme d’habitude, mais je n'ai pas le sentiment que mes potes réalisent le voyage extraordinaire que je viens de faire
Je reviens par de petites routes, je cherche des yeux les pistes
cyclables et j’ai envie de rouler, c’est dingue, je devrais pourtant avoir la
nausée du vélo !Au contraire, je suis déjà en manque !
Je rentre à la maison et je programme une journée à Paris pour déjeuner avec ma fille et mon fils.
Les jours d’après
Je suis rentré depuis 8 jours et pas une seule nuit sans
avoir rêvé de mon voyage. Le fait d’avoir mis en page mes notes et photos y
contribue certainement. Ben, y a plus qu’à préparer le prochain…
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